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Tibet - tradition du cerf-volant

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http://miztral.free.fr/wwj/images/stories/olb-pekin_35.jpgMais au Tibet, ou tout au moins dans le district de U, qui est la division administrative de Lhassa, le jeu le plus populaire était celui des cerfs-volants, qu'on pourrait appeler notre sport national. Nous ne pouvions nous y adonner qu'à certaines époques. Des années auparavant, il avait été cons-taté que des cerfs-volants lâchés dans les montagnes provoquaient des torrents de pluie; on avait alors pensé que les dieux de la pluie s'étaient mis en colère, de sorte qu'il n'était permis de faire voler les cerfs-volants qu'à l'automne, qui est notre saison sèche. Certains jours, les hommes s'abs-tiennent de pousser des cris dans la montagne, car l'écho de leurs voix déterminerait une condensation trop rapide des nuages sursaturés d'humidité, venus des Indes, d'où de malencontreuses chutes de pluie.

Mais au Tibet, ou tout au moins dans le district de U, qui est la division administrative de Lhassa, le jeu le plus populaire était celui des cerfs-volants, qu'on pourrait appeler notre sport national. Nous ne pouvions nous y adonner qu'à certaines époques. Des années auparavant, il avait été cons-taté que des cerfs-volants lâchés dans les montagnes provoquaient des torrents de pluie; on avait alors pensé que les dieux de la pluie s'étaient mis en colère, de sorte qu'il n'était permis de faire voler les cerfs-volants qu'à l'automne, qui est notre saison sèche. Certains jours, les hommes s'abs-tiennent de pousser des cris dans la montagne, car l'écho de leurs voix déterminerait une condensation trop rapide des nuages sursaturés d'humidité, venus des Indes, d'où de malencontreuses chutes de pluie.

L'image “http://miztral.free.fr/wwj/images/stories/Img211990535.jpg” ne peut être affichée car elle contient des erreurs.Le premier jour de l'automne, un cerf-volant solitaire était lancé du toit du Potala. En quelques minutes, d'autres appareils de toutes les formes, toutes les dimensions et toutes les couleurs imaginables faisaient leur apparition dans le ciel de Lhassa où ils viraient et sautaient au gré de la forte brise.

J'adorais ce jeu et je m'arrangeais toujours pour que le mien soit un des premiers à s'envoler. Tous les enfants fabriquaient leurs appareils eux-mêmes, le plus souvent avec une carcasse de bambou recouverte d'une jolie soie. Nous obtenions sans difficulté un matériel de bonne qualité car l'honneur de la maison était en jeu. Ils avaient la forme d'une boîte à laquelle nous attachions souvent la tête, les ailes et la queue d'un dragon à l'air féroce.

Des batailles s'engageaient au cours desquelles nous nous efforcions de faire tomber les jouets de nos rivaux. Pour cela, nous fixions des tessons sur nos cerfs-volants et nous enduisions nos cordes d'un mélange de colle et d'éclats de verre; après

quoi, il ne nous restait plus qu'à espérer couper la corde de l'ennemi et ainsi capturer son appareil. la nuit tombée, nous sortions furtivement et Parfois nous, les faisions voler après avoir placé de petites lampes à beurre à l'intérieur de la tête et du corps. Avec de la chance, les yeux de nos dragons se mettaient à rougeoyer et leurs corps multicolores se détachaient sur le ciel sombre de la nuit. Nous aimions particulièrement ce jeu quand les grandes caravanes de yaks du district de Lho-dzong étaient attendues à Lhassa. Nous pensions dans notre candeur naïve que les caravaniers, ces " indigènes ignorants ", n'avaient jamais entendu parler dans leur lointain pays d'inventions aussi " modernes " que nos cerfs-volants; aussi étions-nous résolus à leur faire une peur bleue.

 



Un de nos trucs consistait à mettre dans le cerf-volant trois coquillages différents, disposés de telle manière que le vent leur faisait rendre un gémissement surnaturel. Pour nous, ce gémissement était celui des dragons au souffle de feu poussant des cris stridents dans la nuit et nous espérions qu'il aurait sur les marchands un effet décisif. Nous imaginions ces hommes étendus sur leurs lits, saisis par la peur, tandis que nos dragons sautaient au-dessus de leurs tètes, et de délicieux frissons nous parcouraient l'épine dorsale.

Je l'ignorais à l'époque, mais ces jeux devaient m'être d'une grande utilité plus tard quand je volai réellement dans des cerfs-volants. Ce n'était alors qu'un jeu, encore qu'un jeu excitant. Il en existait un autre qui aurait pu être dangereux. Nous fabriquions de grands modèles de deux à trois mètres carrés, avec des ailes saillantes de chaque côté, que nous posions au bord d'un ravin, où soufflait un courant ascendant particulièrement puissant. Puis, un bout de la corde enroulé autour de la taille, nous faisions galoper nos poneys aussi vite qu'ils y consentaient. Le cerf-volant, prenant brusquement son essor, s élevait de plus en plus haut jusqu'au moment où il rencontrait le courant. Une secousse et le cavalier soulevé de sa selle faisait peut-être trois mètres dans les airs avant de redescendre lentement, en se balançant au bout de la corde.

 

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L'art est toujours le résultat d'une contrainte. Croire qu'il s'élève d'autant plus haut qu'il est plus libre, c'est croire que ce qui retient le cerf-volant de monter, c'est sa corde.
André Gide

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